Après un État hôpital, quelle politique ?


A quoi servent les partis politiques en cette période de crise sanitaire. Pas à grand-chose selon l’opinion publique et même à Rueil. Est-ce le moment de la « biopolitique » où seuls deux paramètres, le nombre de personnes en réanimation et le nombre quotidien de nouvelles personnes contaminées structurent notre vie sociale, économique et politique ! Cette règle est unanimement respectée qu’on soit de gauche, de droite ou de nulle part ?

Le but de ce papier est de prendre en compte dans notre vie politique le rôle des experts médicaux qui imposent pour notre sécurité sanitaire, et donc notre bien, un ensemble de recommandations et deviennent, de fait, de nouveaux acteurs politiques comme cela a été le cas avec les écologistes et leurs penseurs (Théodore Monod et J Ellul).

Quels sont les gagnants et les perdants de la crise ?

Soyons classiquement de gauche et commençons par une analyse sociale.

  • Les gagnants. Le personnel médical hospitalier avec le plan Ségur de 7 milliards1 (183€/mois et plus) et les enseignants (100 €/mois pour les jeunes enseignants) avec un coût de 400 millions d’Euros.
  • Les protégés. Citons pèle mêle et vous les connaissez, les retraités, les fonctionnaires, les salariés des grandes entreprises, ceux qui sont en télétravail.
  • Les perdants, mais ils sont aidés temporairement par l’État. Les salariés en chômage technique à 85% pour une période définie, toutes les personnes ayant des revenus variables non garantis comme les patrons, petits patrons (restaurants, bars, cinémas, spectacles, ) avec des aides gouvernementales, auto entrepreneurs ( 2 millions de personnes) presque sans aucune aide. Et tous ceux qui effectuent des petits boulots souvent non déclarés ( étudiants en extras, guides) au noir et qui eux ne sont pas indemnisés.
  • Les personnes qui tombent dans les filets sociaux qui, soulignons-le, fonctionnent. Soit environ entre 6 et 8 millions de personnes à Pôle Emploi ( catégories A,B,C,D,E) et 2 millions de personnes au RSA rarement inscrites à Pôle Emploi. Donc environ 10 millions d’actifs sur les 29 millions que compte la France ! Soit 30% des actifs !
  • Les personnes qui tombent dans le vide. Il s’agit des non salariés exclus du chômage, les auto entrepreneurs, les paysans à 300€/mois et tous les entrepreneurs petits et grands qui vont faire faillite, incapables de rembourser.

Notons que les gagnants et les protégés représentent 40% de la population (selon C Guilly). Ils sont donc minoritaires !

Où sont donc passés les capitalistes dans la tourmente ?

Ils ont presque disparu sauf ceux des grandes multinationales, organisées pour faire face à de tels évènements en transmettant le risque à leurs sous-traitants qui eux vont faire faillite, en faisant appel à l’intérim et capables d’être à l’équilibre avec une activité réduite de 50%. Les capitalistes se sont évanouis, ils auraient dû tous licencier et se mettre en faillite selon la théorie classique ! En fait, ils sont passés sous la coupe de l’État avec prise en charge des salaires et prêt aux patrons, prêts qui seront rarement remboursés. Est-ce le début d’une nationalisation rampante ? Plus vraisemblablement le début d’un nouveau capitalisme d’État.

Quel programme politique dans ces circonstances nouvelles ?

Le bon sens voudrait que le programme mette la priorité sur les plus fragiles. La difficulté est qu’ils ne sont pas bien identifiés, souvent non bancarisés avec endettement bancaire. Écoutez LFI, bon premier sur la liste de départ pour les présidentielles et vous verrez qu’il n’y a rien pour eux dans le programme et pour cause, ils ne votent pas ou peu !

Vous connaissez les programmes que les vieux partis nous recyclent. Aussi je ne retiens que les points nouveaux.

  1. Quel parti va oser couper toutes les perfusions sociales installées à la hâte pour les différents groupes ? Les avantages acquis auront la vie dure. Qui va oser mettre en faillite les restaurateurs, les petits patrons qui ne rembourseront pas leur prêt garanti alors que la SNCF, AIR France, AIRBUS seront autorisés à répartir leur remboursement sur 30 ans. Qui va présenter un programme sans aborder les évolutions du chômage partiel sans proposer de le remplacer par un autre dispositif ?
  2. Y a-t-il un parti qui va écarter la possibilité de rebonds du coronavirus et autres virus et proposer un tranquille retour vers le passé?. Tout parti va rentrer dans la bio politique à la Michel Foucault. Le principe de précaution va devenir essentiel. Avec le corps médical et les comités scientifiques en alerte et ayant accès désormais aux médias, ils sont généralement crédibles même s’ils se disputent souvent et peuvent devenir les acteurs principaux de notre vie politique en alertant, semant le doute, l’incertitude pour notre bien..
  3. Y a-t-il un parti avec un programme écologique compréhensible pour le commun de nos citoyens ?Est ce raisonnable de généraliser immédiatement les voitures électriques avec des batteries chinoises plutôt que d’attendre l’autonomie de l’Europe dans ce secteur? ou d’investir dans le photovoltaïque avec des panneaux solaires chinois. Bref de faire reposer notre merveilleuse transition écologique sur la Chine! Est-ce urgent de fermer les centrales nucléaires et de remettre en marche des centrales à charbon et gaz ?..
  4. La question des manifestations violentes. J’apprécie que le PS ne les soutienne pas. Un parti de gouvernement intervient à l’Assemblée Nationale en délaissant la rue. LFI se discrédite par son soutien et renforce le parti de l’ordre et les équipes au pouvoir qui font le « job ». Emmanuel Macron peut remercier les « idiots utiles » avec une mention pour JL Mélenchon.
  5. Le séparatisme et l’islamogauchisme. Je ne développe pas.

En pratique seuls les nantis et les « protégés » vont voter. Ils sont certes minoritaires mais ils sont en mesure d’imposer le respect du principe de précaution sanitaire et écologique aux précaires. Un exemple pour illustrer cette nouvelle lutte de classes entre les bobos et le peuple avec une bonne conscience morale.

Voici une belle proposition de la CCC (convention citoyenne climat). La taxation des SUV comme les Peugeot 3008 et 5008 à cause de leurs poids excessif. Cette simple mesure conduit à la disparition d’environ 300 000 emplois dans les usines françaises des constructeurs automobile qui se sont spécialisés dans le haut de gamme en France. Une solution serait d’anticiper et de convertir tous les salariés dont le poste disparaît avec le même salaire, vers un emploi en CDI. Ce serait est une vraie mesure de gauche, mais la CCC ne prévoit rien.

En conclusion, quelques suggestions en vrac pour Rueil

Ceci est une ébauche ou plutôt un ensemble de questions à débattre.

  1. Création d’un observatoire des épidémies à Rueil voire du 92
  2. Répéter l’expérience de Jacob Pinto qui avait demandé d’être intégré dans un équipage de la BAC pour une nuit pour se faire une idée de l’insécurité à Rueil. L’équipage avait été agressé par le jet d’un objet !
  3. Une mesure municipale de la qualité de l’air
  4. Une mesure du bilan carbone de la municipalité et des entreprises sur la commune puis à terme en intégrant les bilans carbone des particuliers.
  5. Personnellement durant la période de crise, j’opterai pour une forme d’union locale politique pour promouvoir l’achat auprès de nos commerçants, de nos artisans. Avec des interventions dans les écoles si nécessaire ? Là, je sens les réticences.

michel_simonnet@yahoo.fr

Le 9 décembre 2020

1 https://www.ag2rlamondiale.fr/nous-connaitre/toutes-nos-actualites/segur-de-la-sante-le-contenu-des-accords-conclus-sur-les salaires#:~:text=Une%20partie%20des%207%2C6,en%20janvier%202021%20avec%20r%C3%A9troactivit%C3%A9.

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