Les régionales: un article de Libé du 7 décembre 2009

Libération du 7 décembre 2009

Régionales : le PS ne suit pas Royal

Le proposition de s’allier avec le Modem dès le premier tour des prochaines élections est rejetée par le porte-parole socialiste Benoît Hamon.

C’était prévisible, la proposition de Ségolène Royal pour les élections régionales ne suscite pas l’adhésion du PS. Son porte-parole Benoît Hamon a rejeté dimanche toute alliance de premier tour en Poitou-Charentes avec le Modem, soulignant que la priorité de son parti était de «rassembler la gauche».

«Le risque est grand qu’on compromette les conditions du rassemblement de la gauche si on fait le choix, notamment dès le premier tour, de s’associer à une formation issue de la droite», a-t-il affirmé sur Canal +. «Il y a (chez Ségolène Royal) une continuité d’une conviction, d’une intuition qui, en termes d’alliance, dans le reste de l’Europe, n’a jamais fonctionné, en tout cas n’a jamais fonctionné au bénéfice de la gauche», a insisté le porte-parole. «Nos listes régionales sont dans la perspective» de «proposer un bouclier social aux politiques mises en oeuvre par Nicolas Sarkozy, et ça, ça passe d’abord par le rassemblement de la gauche», a conclu Benoît Hamon.

Ce qui n’a pas empêché Ségolène Royal de réitérer dimanche son offre d’accueillir des «centristes» sur ses listes aux régionales et déclaré qu’elle attendait la décision du MoDem local. «Ma porte reste toujours ouverte», a affirmé Royal devant la presse à l’issue d’une réunion de campagne, près d’Angoulême, quelques heures après que François Bayrou a refusé au nom du «pluralisme» de rejoindre dès le premier tour des listes socialistes depuis Arras (Pas-de-Calais).

François Hollande, ex-numéro un du PS, a jugé dimanche sur Radio J que la proposition d’alliance de premier tour en Poitou-Charentes formulée la veille par Ségolène Royal à l’adresse du MoDem n’était «pas la bonne méthode». «Il faut toujours rechercher l’union, mais ce n’est pas la bonne méthode, la bonne démarche», a commenté le député de Corrèze. «La bonne méthode, ça consiste, et je l’ai toujours fait et toujours dit, d’abord rassembler la gauche et ensuite s’élargir», a commenté le responsable socialiste.

Pour lui, François Bayrou, président du MoDem, «est dans l’opposition, nul ne peut contester cette situation». «Est-il pour autant dans une alliance avec la gauche? Il n’en a pas encore fait la démonstration».

Pour le prédécesseur de Martine Aubry, l’enjeu du scrutin régional de mars, «c’est de gagner dès le premier tour»: «dès lors que la gauche et l’opposition sont parties en listes séparées», «la meilleure façon de favoriser le rassemblement, ce n’est pas de le demander maintenant, c’est de l’imposer par un très bon résultat des listes socialistes au soir du premier tour».

Patrick Devedjian (UMP) a estimé dimanche que François Bayrou est «destiné à se faire plumer» par la gauche, alors que le président du Modem a proposé ce week-end un «arc central» pour l’alternance.

«Il est plutôt destiné à se faire plumer, François Bayrou, parce que ce que la gauche souhaite, c’est lui prendre ses voix et pas lui en donner. Tous les accords qui lui sont proposés sont soigneusement calculés pour lui piquer des voix», a déclaré le ministre de la Relance lors du Grand Rendez-vous Europe 1/Aujourd’hui en France.

Selon lui, Bayrou «est tellement aveuglé par son antagonisme personnel contre le président de la République qu’il est très peu conscient de ses intérêts». «Je pense que les difficultés qu’il a créées à l’intérieur de notre majorité, il va les créer à l’intérieur de l’opposition», a ajouté Devedjian à propos du président du Modem. Comme on lui demandait si la proposition faite par Ségolène Royal (PS) au Modem était «un risque» pour l’UMP, il a répondu: «c’est surtout un risque pour la gauche parce que quand François Bayrou arrive quelque part, la zizanie immanquablement se déclenche».

La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez a répondu dimanche par la négative à l’offre de la présidente de Poitou-Charentes, en expliquant que son parti irait aux régionales sous ses «propres couleurs».

(Source AFP)