Réforme des collectivités : la gauche sceptique sur la réforme (version Figaro)

COLLECTIVITÉS. Les élus socialistes s’opposent à la fusion entre Paris et les départements de la petite couronne.

ILS Y SONT allés avec des semelles de plomb, déterminés à brandir leurs revendications. Réunis ensuite au Conseil régional, rue de Babylone à Paris, sept grands élus socialistes de l’Île-de-France ont reçu la presse pour lui faire part de leurs inquiétudes concernant la réforme des collectivités locales. À l’Assemblée, devant les membres du comité Balladur, les échanges ont été plutôt cordiaux et souvent consensuels avec le comité et leurs deux confrères UMP : Pierre Bédier, président du Conseil général des Yvelines et François Kosciusko-Morizet, maire de Sèvres, représentant les Hauts-de-Seine. Mais dès leur sortie, les cinq présidents PS des conseils généraux de la Région, Jean-Paul Huchon le président PS du Conseil régional et Anne Hidalgo, la première adjointe au maire PS de Paris ont affirmé que cette réforme répond à un « intérêt politique », « facile à imaginer » pour Nicolas Sarkozy. Plus clairement, Jean-Paul Huchon pense qu’il veut « grappiller quelques régions à la gauche ». De son côté, Claude Bartolone, président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, soupçonne le comité d’être « une assemblée de sachants destinée à couvrir un mauvais coup politique ».


Pour eux, cette réforme est inutile. Elle ne correspond « à aucune urgence clairement identifiée, ni à aucune demande explicite de la part des citoyens ». Elle est un instrument de l’« ennemi» qui est l’État. « Les rapports entre les collectivités et l’État n’ont jamais été aussi mauvais », ont estimé les socialistes pour qui « quand des problèmes existent, ils sont le plus souvent le fait des défaillances de l’État ». Cible aussi de cette attaque, Christian Blanc, secrétaire d’État chargé du développement de la région capitale, ennemi juré de Jean-Paul Huchon. Lors de son audition devant ce même comité, le 16 décembre, Blanc a dit avoir constaté lors de ses contacts dans la région, « certes discrets mais nombreux », qu’il y avait « une attente d’État »chez les élus. « On attend de lui qu’il débloque les choses », avait-il dit, soulignant que Sarkozy veille « de très près, personnellement » à l’avenir de la région parisienne. « Vieux schéma» Concernant cet avenir, les élus PS se sont dit hier fermement opposés à la « fusion de Paris et des trois départements de la petite couronne ». Projet défendu par le sénateur UMP Philippe Dallier. Il ne ferait, selon eux, « que répéter le vieux schéma de l’opposition centre/périphérie ». Les élus PS ont en tête qu’Édouard Balladur se serait laissé séduire par cette proposition que le sénateur du Val d’Oise relancera la semaine prochaine par la publication d’un « manifeste pour le Grand Paris » soumis à la signature des Franciliens. « Rien ne pouvait le leur laisser croire dans les échanges » a tempéré un participant non socialiste à cette audition qui juge « dépassé » le projet.


Hier, le comité Balladur a fait dans la diversité. Après avoir entendu les élus socialistes juger que l’éventuelle suppression de la « clause de compétence générale » pour les collectivités serait « une forme de recentralisation », ils ont reçu le président de l’Assemblée nationale pour qui cette clause « n’est nécessaire que pour les communes ». Bernard Accoyer a jugé « enkystés »les sept niveaux d’administration territoriale, estimant que« ce sont moins les vertus de la décentralisation que leurs défauts que ressentent nos concitoyens ». À l’attention du comité, Accoyer a estimé que « tous les schémas d’une réforme indispensable sont plus ou moins séduisants. Quels qu’ils soient, ils seront difficiles à mettre en œuvre » du fait « des enjeux politiques ».

SOPHIE DE RAVINEL