Retour d’Iran

Quelle joie, quelle énergie vitale chez les iraniens, jeunes et moins jeunes ! Déambuler à Téhéran ou à Ispahan en avril 2016 et vous vous retrouvez à échanger avec les passants, heureux de photographier, sous des flashs nourris, des touristes français et de se faire photographier avec eux. Quel contraste avec le discours véhiculé en France !

Ne soyons pas naïfs cependant. Ce pays, au passé si riche, n’oublie pas son histoire et les dernières années de plomb. Les grandes affiches des 750 000 martyrs de la guerre avec l’Irak sont omniprésentes dans chaque ville. Sans compter les dizaines de milliers de disparus de la guerre civile, les mille condamnés à mort annuellement ! Les révolutionnaires de 1978, démocrates, défenseurs des droits de l’homme, progressistes religieux, communistes savaient ils qu’ils allaient précipiter dans la mort une partie de leurs enfants ? Sont-ils responsables ? Et maintenant la vie reprend joyeuse malgré la police des mœurs.

Inutile de parler du voile porté avec désinvolture, souvent avec élégance et de la « rhinoplastie » fréquente (4ième pays au monde) pour redresser un nez ingrat. Et cette séparation des sexes conduisant à réserver les places au devant des bus pour les femmes et la difficulté de connaitre les heures des piscines réservées. Le pays fait avec, teste les limites, en espérant les repousser.

Quelques po20160527_DSC03113_Les martyrs_Bisints surprennent le touriste européen. Impossible d’utiliser une carte bancaire internationale (et le touriste doit venir avec ses euros en billets) le système bancaire est entièrement contrôlé et les banques ne gouvernent pas, ni n’imposent leurs lois. Notre ennemi « invisible » est terrassé. Cela plairait à certains. Il n’y a pas de déficit commercial. Est-ce mieux ? Une autre surprise est l’absence de publicité (ou presque) limitant les « faux » besoins. A vrai dire, nous n’en avons pas souffert. Reste l’interdiction de tout alcool, même des bières pour les touristes – seulement parait-il – avec la fermeture des bars à 23H.

La question de la souveraineté nationale est largement débattue et les iraniens dans leur grande majorité ne comprennent pas l’intransigeance de la communauté internationale sur la question nucléaire. Un sujet délicat pour un pays de 79 millions d’habitants, 15ème puissance mondiale.

 

Huit années de gue20160527_DSC03631_JeunesAvecpercheBisrre suivies de dix de blocus ne semblent pas avoir paralysé l’économie. Les véhicules « Peugeot » dominent le marché. Les smartphones (iPhone et Samsung) sont aussi présents qu’en France et spécialement auprès des jeunes. Le secteur privé subsiste et les efforts militaires orientent l’industrie essentiellement vers la défense, l’armement avec des missiles et anti-missiles. Il est vrai que dans ce domaine, les demi mesures sont impossibles et que l’excellence est obligatoire !

 

En conclusion, on pourrait imaginer, suite à cet endoctrinement – et non embrigadement – une jeunesse religieuse, fervente, pratiquante. C’est l’inverse qui se produit. Les jeunes s’éloignent progressivement et cette observation nous conforte dans les limites d’un endoctrinement d’Etat. Reste cette joie, cette liesse, cette vie qui inonde la société et qui constitue le ferment de l’avenir. C’est un peuple fatigué, épuisé par trop de guerres à l’extérieur et par la guerre civile, qui aspire à la paix retrouvée et qui fera tout pour la conserver, au risque de perdre un peu, beaucoup de liberté. Mais qui est convaincu que l’évolution se fera progressivement dans la paix sans verser de sang !

Laisser un commentaire