2008-2011 : un bilan à mi-mandat en trompe-l’œil

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Au mois de mai dernier, la majorité municipale s’est autorisée à publier, dans Rueil Infos, un dossier de 32 pages dont la réalisation a été confiée à Euro RSCG. Ce fascicule, intitulé « Point d’étape à mi-mandat » a fait l’objet d’un large tirage et s’apparente à un document de propagande où transparaissent une autosatisfaction systématique, et un certain nombre de contre vérités.

Il ne s’agit pas ici d’écrire que toutes les initiatives municipales furent négatives sur la période. Nous avions annoncé, au printemps 2008, que nous mettrions en place une opposition constructive, nous avons tenu parole et soutenu plusieurs projets qui semblaient utiles à notre commune. A ce niveau, nous pouvons citer, comme exemples, la poursuite de la restructuration du Clos des terres rouges au travers du projet ANRU (largement financé par l’État toutefois), l’ouverture du cinéma Ariel Hauts-de-Rueil, ou la tardive rénovation du Centre commercial Colmar.

Mais ces initiatives ne peuvent masquer les insuffisances ou les menaces qui pèsent sur l’avenir de Rueil-Malmaison.

Finances : une situation préoccupante.

– Impôts, une augmentation historique : Patrick Ollier évoque une « vigilance pour la maîtrise des impôts » en préambule de son bilan à mi-mandat. Il évoquait avant les élections municipales « une légère adaptation des taux ». Les Rueillois assistent en fait, depuis 3 ans, à une « augmentation historique » des taux d’imposition portant sur les ménages (+16%), selon les propres termes du maire-adjoint en charge du développement économique de la ville. Jean-Claude Caron, Conseiller général, a par ailleurs démissionné avec fracas de l’équipe municipale, considérant que le maire avait menti aux électeurs sur ce point crucial.

– Pour notre part, nous tenons un langage de vérité. La municipalité vit depuis des années au-dessus de ses moyens, les finances de la ville sont dans un état préoccupant et nécessitent en premier lieu de faire des économies (les services secondaires à la population ne doivent plus être autant financés par la ville, mise en place de tarifs plus progressifs, vidéosurveillance limitée aux bâtiments publics, investissements moins onéreux sur certains projets…).

– Si le budget est stable depuis 3 ans, il est bouclé grâce aux hausses d’impôts et à un niveau d’endettement très élevé. Par ailleurs, et nous sommes en désaccord avec la municipalité sur ce point (en revanche la presse nationale abonde dans notre sens…), une partie importante des emprunts rueillois est constituée d’emprunts toxiques pouvant peser lourdement sur les finances rueilloises à moyen terme.

Transports : des avancées laborieuses.

– Nous nous félicitons de la mise en place de deux gares sur notre ville dans le cadre du grand Paris express, synthèse du Grand Paris et du projet Arc Express. Si le maire a surtout œuvré pour une gare au nord de la ville (voir projet initial), et seulement tardivement pour désenclaver le plateau, nous avons pour notre part, proposé très tôt à la Région d’inscrire deux gares sur Rueil dans son projet afin de servir au mieux les intérêts des Rueillois.

– En revanche, alors que le thème du Plan de déplacement urbain (PDU) était au cœur de la campagne des élections de 2008, la majorité n’a toujours pas soumis au vote du Conseil municipal ce document impératif pour envisager l’avenir de notre ville, et au-delà. Ceci peut aussi expliquer les atermoiements de la municipalité dans le volet transports du Grand Paris. La gestion au coup par coup en la matière donne l’impression que Rueil subit les évolutions plutôt qu’elle ne les anticipe.

– La majorité municipale avait pourtant fait appel à un cabinet de conseil (Le Gall) en matière de transports. Nous avions jugé cette dépense nécessaire et beaucoup des préconisations énoncées, pertinentes. Aujourd’hui, seules 3 navettes ont été mises en place afin de desservir des zones enclavées. C’est une bonne initiative, mais nous restons sur notre faim. La ville du XXIe siècle reste à mettre en œuvre, faisant place à un véritable centre-ville piétonnier, des circulations douces développées, un système de transports en commun nord/sud efficace (promis depuis longtemps…), des axes de déplacements bien balisés, etc.

Intercommunalité : une vision rétrograde.

Le maire souhaite rapidement décentrer l’intercommunalité du Mont-Valérien existante (Rueil, Suresnes, Nanterre), vers le quartier d’affaires de La Défense. Celui-ci s’étendant sur Nanterre, le risque est fort de transformer à court terme une partie de Rueil en appendice du grand quartier d’affaires européen voulu par le Président de la République. A moyen terme, Patrick Ollier soutient même la création d’une intercommunalité tentaculaire englobant le centre et le nord des Hauts-de-Seine, et débordant même sur la Seine-Saint-Denis et les Yvelines.

Nous avons soutenu la municipalité dans la mise en place de l’intercommunalité du Mont-Valérien car nous jugeons que ce périmètre est le plus pertinent. Il doit permettre : un véritable travail en commun, des économies d’échelle en mutualisant les équipements publics, la mise en place d’une plus grande cohérence de nos territoires. En revanche, diluer une réelle ambition intercommunale dans un ensemble à l’envergure départementale ne nous semble pas aller dans le sens de l’histoire…

Urbanisme : une mixité sociale et urbaine introuvable.

– La mixité sociale est gravement mise à mal par une politique qui engage la commune dans un urbanisme de « fragmentation » : quartiers saturés en habitat collectif d’une part, et d’autre part, quartiers aérés ultra protégés, au mépris d’une répartition harmonieuse du logement social en petites unités sur tout le territoire de la commune.

– En même temps, l’espace public se restreint subrepticement : voies privées, allées fermées se multiplient- où le passant est considéré a priori comme un intrus- au détriment du « vivre-ensemble ».

– La Ville peine à maintenir le taux de 20 % de logements sociaux exigé par la loi. Malgré la règle des « 30% de logements sociaux dans toute construction d’au moins 900 m2 », la proportion de logements sociaux reste insuffisante par rapport au nombre croissant de résidences privées. L’attribution de ces logements reste d’ailleurs opaque en l’absence d’une commission d’attribution ouverte à l’opposition.

Le Maire réserve à l’accession sociale, donc à la vente, une partie du logement social neuf, à des tarifs prohibitifs, écartant ainsi de ce type d’habitat la plupart des ménages.

– Les projets concernant l’aménagement de l’avenue Paul Doumer et Rueil 2000 peuvent à juste titre inquiéter les Rueillois.

Les nouveaux aménagements relativement denses prévus aux abords de l’ex RN13- Parc de l’Amitié, ancienne Poste, pointe Péri/Doumer- risquent de transformer l’avenue en couloir urbain entre des rangées rectilignes d’immeubles- avec un parc de l’Amitié coincé au milieu des constructions-, au détriment des aérations et des variations architecturales indispensables au confort comme à l’esthétique.

A Rueil 2000, le parti pris de densifier la zone en bureaux accentue le déséquilibre et aggravera sans nul doute les difficultés de circulation dans le secteur de la gare et du pont de Chatou, sans compt
er la multiplication des nuisances. Comment peut-on parler de « qualité de vie préservée » quand on envisage de bâtir une tour de 100 m ou 130 m de hauteur (les prises de positions varient) en zone très inondable, et à proximité de sites impressionnistes classés ?

Sécurité : dépenses lourdes, résultats inégaux.

La sécurité est un droit essentiel du citoyen, et la commune doit contribuer à l’assurer sur son territoire. Rueil est une ville très étendue, elle bénéficie aussi de forces importantes de police nationale.

En plus de ces forces, la ville consacre près de 5 % de son budget à la sécurité publique. C’est très important.

Nous pourrions défendre ce volume budgétaire, si une part non négligeable de ces dépenses n’était pas consacrée à la vidéosurveillance (devenue vidéoprotection, langue de bois oblige…). Rueil est la ville des Hauts-de-Seine la plus saturée en caméras, dont l’achat, l’entretien, et le renouvellement coûtent très chers à la commune. Certes, des villes – y compris de gauche – cèdent à la tentation de la vidéosurveillance, mais les études sérieuses montrent le peu d’efficacité de ces investissements. Nous préférerions que les agents bloqués derrière les écrans soient réaffectés sur le terrain où ils font défaut.

Et il nous semble anormal que la police municipale déserte certains quartiers périphériques (notamment le Plateau et Fouilleuse/Mazurières) au profit du Centre-ville. Surtout lorsqu’on peut voir notre maire à la télévision se vanter de faire appel à des sociétés de sécurité privées pour patrouiller la nuit dans les zones sensibles…

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